Bulletin Numéro 41 - 24 novembre 2008 : New York Nations unies
24 NOVEMBRE 2008 : NEW YORK (NATIONS UNIES)
Une commission de l’ONU a adopté une résolution appelant les Etats à empêcher, y compris par la loi, le "dénigrement" des religions, et affirmant que l’islam est souvent et faussement associé aux violations des droits de l’Homme et au terrorisme.
Cette résolution non contraignante, co-parrainée par les pays islamiques avec l’appui du Bélarus et du Venezuela, a été adoptée par 85 voix contre 50, avec 42 abstentions, par la commission des droits de l’Homme de l’Assemblée générale de l’ONU. C’est un recul par rapport à une résolution similaire adoptée l’année dernière par 108 voix contre 51, avec 25 abstentions.
Les pays occidentaux, qui voient dans ce texte une tentative de limiter la liberté d’expression, ont tous voté contre.
Les pays musulmans, ainsi que la Chine, Cuba et la Russie, ont voté pour. Il devrait être également adopté, à une date ultérieure, par l’Assemblée générale, où siègent les 192 Etats membres de l’ONU.
La résolution « note avec une vive inquiétude que la campagne globale de dénigrement des religions et l’incitation à la haine religieuse en général, notamment la discrimination ethnique et religieuse à l’égard des minorités musulmanes, se sont intensifiées depuis les événements tragiques du 11 septembre 2001 ».
L’Assemblée se déclare « profondément préoccupée par le fait que l’islam est souvent et faussement associé aux violations des droits de l’Homme et au terrorisme ».
La résolution « exhorte les Etats à appliquer et, au besoin, à renforcer les lois existantes lorsque des actes, manifestations ou expressions de xénophobie ou d’intolérance sont dirigés contre les minorités et les migrants, afin de mettre fin à l’impunité dont jouissent les auteurs de tels actes ».
L’ONG UN Watch, basée à Genève, a aussitôt condamné l’adoption de ce texte. « C’est la dernière salve d’une série de résolutions de l’ONU qui cherchent dangereusement à introduire les interdits islamiques contre le blasphème dans le vocabulaire du droit international », a déclaré son directeur, Hillel Neuer, dans un communiqué.
« Les droits de l’Homme ont été conçus pour protéger les individus, pour garantir à chaque personne la liberté d’expression et la liberté de culte, mais certainement pas pour protéger quelque croyance que ce soit, religion comprise », a-t-il ajouté.
C'est bien beau de supprimer des lois anti-blasphème tombées en désuétude, mais bien inutile si ce n'est que pour tenter d'étendre ces lois, avec de nouveaux mots, à toutes les religions.
Mais, outre le fait que l'on fait une confusion inadmissible entre "dénigrement des religions" et "actes... de xénophobie ou d'intolérance dirigés contre les minorités et les migrants" (et on ne mentionne même pas le racisme ordinaire), il est vrai qu'un tel texte légal (empêcher le "dénigrement" des religions) est évidemment inutile dans les pays "occidentaux", qui n'ont donc aucun mérite à avoir voté contre cette résolution, sinon que de donner la fausse impression de vouloir défendre la liberté d'expression. Les lois diverses concernant "l'incitation à la haine religieuse" ou autres invoquant le "racisme antireligieux" sont bien suffisantes, et couvrent maintenant tout "blasphème" à l'encontre de toutes les religions possibles.
J'ai trouvé un bon texte pour proposer à nos autorités un projet de loi – qui ne serait pas une loi "anti-blasphème" – et qui devrait plaire beaucoup aux génies qui siègent à l'ONU :
"Tous ceux qui seront convaincus d'avoir composé, fait composer et imprimer des écrits (ou tenus des propos) tendant à attaquer (, à dénigrer, à se moquer de) la religion, à émouvoir les esprits, à donner atteinte à notre autorité, et à troubler l'ordre et la tranquillité de nos états seront punis..."
Il n'a pas fallu chercher loin : il s'agit d'une ordonnance prise en 1775 sous Louis XV, je n'y ai ajouté, pour plus de précision, que les termes entre parenthèses et j'ai supprimé les deux derniers mots (mais on pourra bientôt les réintroduire) : "...de mort."
Nous mesurons bien par là les immenses progrès accomplis par les nations civilisées en un peu plus de deux siècles.
Johannès Robyn