Bulletin 65 décembre 2019 - Fin du délit de blasphème en Grèce
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Bulletin 65 décembre 2019 |
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Fin du délit de blasphème en Grèce |
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Patrice Dartevelle
À la fin de son article « Bible ou Constitution? La notion de blasphème en Grèce », paru dans le N° 8 (2016), pp. 14-22, de notre revue Blasphèmes et Libertés, Eleni Kalesi évoquait la volonté du gouvernement de l’époque « Tsipras », l’été 2016, de dépénaliser le blasphème en Grèce.
I. Kalesi nous annonce par mail[1] que cette dépénalisation est maintenant chose faite. En juin 2019, le parlement grec a retiré du Code pénal les articles 198[2], 199 et 201 (ce dernier vise l’outrage à défunt). La décision a été prise par la seule majorité gouvernementale (Syriza et Potami), l’opposition conservatrice ayant refusé de participer au débat et de voter. Les conservateurs grecs restent donc accrochés à la religion traditionnelle. Ces nouvelles dispositions ont pris effet le 1er juillet 2019.
Tout est donc bien qui finit bien? On peut l’espérer mais les conservateurs ont remporté les élections cet été et le résultat ne se fait pas attendre : il est maintenant question de faire marche arrière[3]. Le nouveau gouvernement grec n’est pas le premier à se trouver face à pareil problème. En Espagne le gouvernement PPE de Mariano Rajoy, dès sa formation en 2011, a songé à revenir sur la libéralisation de l’avortement. La sécularisation de la société espagnole l’a forcé à remiser ses projets dans leurs cartons malgré les évêques et d’authentiques manifestations. Le gouvernement grec suivra-t-il la même voie raisonnable? Restons attentifs, suggestion que j’adresse particulièrement au futur commissaire européen à la justice, chargé de la surveillance de l’État de droit.
(1) Mail du 11 septembre 2019
(2) L’article 198 est bien celui relevé dans Patrice Dartevelle, Philippe Denis et Johannes Robyn [sous la direction de], Blasphèmes et Libertés, Paris-Bruxelles, 1993, p. 121
(3) cf Derek Gatopoulos et Elena Becatoros, « Criminalize blasphemy », site APnews le 12 novembre 2019