Bulletin Numéro 41 - Bête et méchant
BÊTE ET MÉCHANT
Je n’aime vraiment pas Ben Laden et son copain, le mollah motocycliste, et j’approuve ceux qui sont allés en Afghanistan pour les empêcher de nuire. L’ennui, c’est qu’on ne les a toujours pas trouvés, sept ans après.
Dans un geste plus que minable, le gouvernement américain n’a rien trouvé de mieux que de poursuivre un des chauffeurs de Ben Laden, Salim Ahmed Hamdan et, tout récemment, de le juger.
Il a été reconnu coupable d’avoir apporté un soutien matériel au terrorisme, mais acquitté de l’accusation de complot terroriste (Le Monde du 8 août 2008). Finalement, il a été condamné à cinq ans et demi de prison après en avoir effectué cinq. Le procureur avait réclamé trente ans d’incarcération.
Même les jurés militaires ont eu des doutes ou éprouvé une gêne.
Où va-t-on si maintenant on poursuit le personnel de maison des adversaires politiques ? Hitler aussi avait des chauffeurs. On ne les a jamais inquiétés. Ces chauffeurs entendent bien des choses surtout aujourd’hui avec les GSM et il n’y a plus guère que le pape dont la voiture dispose d’une vitre de séparation entre le chauffeur et le passager...
Que dire des secrétaires et téléphonistes ? Les cuisiniers ont aussi une responsabilité. Ils ont apporté un soutien matériel à celui qu’ils servent.
Mais Salim Ahmed Hamdan aurait des sympathies pour Ben Laden, me dira-t-on.
C’est sûrement vrai, mais c’est tout ce qu’il y a de plus courant : tous les chauffeurs et toutes les secrétaires de ministres sont de fervents partisans de leur patron.
Le métier peut être risqué : le garde du corps de Benazir Bhutto a été assassiné le 21 juillet (Le Monde du 25 juillet).
Il en savait trop sur l’assassinat de l’ex-première ministre, une affaire quelque peu trouble, comme l’était elle-même la femme politique pakistanaise.
Évidemment garde du corps, c’est parfois dangereux.
En quoi ce cas concerne-t-il la liberté d’expression puisque les chauffeurs ne s’expriment pas, selon moi ?
Si poursuivre Ben Laden est légitime puisqu’il a agi, ce qui dicte les poursuites contre son chauffeur, c’est la passion de supprimer jusqu’à l’existence même de l’idée de révolte contre les États-Unis et de tout élément même modeste qui peut la rappeler.
Au fond, si l’on suit la politique américaine, une conclusion s’impose pour nous, Belges : il faut poursuivre le chauffeur de Michel Daerden. C’est par son action et avec sa complicité que l’homme politique wallon échappe à toute condamnation pour conduite en état d’ivresse.
En taule le chauffeur !
Patrice Dartevelle