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Ligue pour l'Abolition des lois réprimant le Blasphème et le droit de s'Exprimer Librement
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Bulletin Numéro 38 - De la nécessité de la dérision

PostDateIconTuesday, 21 March 2006 00:00 | PDF Print E-mail
Article Index
Bulletin Numéro 38
Le respect des Glasgow Rangers
De la nécessité de la dérision
Le blasphème a une histoire
L'affaire Redeker, encore un cas pendable
Pas de délit de blasphème en Belgique ?
Droit au blasphème !
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DE LA NÉCESSITÉ DE LA DÉRISION


L'esprit, ou plutôt la méthode scientifique (et non pas "La Science") consiste principalement à se donner le droit de tester, vérifier et pousser à ses limites toute assertion ou théorème d'une théorie, ou encore tout résultat expérimental de manière rationnelle, c'est-à-dire sans préjugés, a priori ou croyance d'aucune sorte.
Par ailleurs, aucun raisonnement correct, aucune expérience bien menée n'est décevante ; même l'absence de résultats significatifs est un résultat en lui-même : elle signifie l'inanité de nos croyances, préjugés ou l'inexactitude des hypothèses qui ont conduit à cette expérience ou qui en attendaient ou prévoyaient un résultat particulier.
Du point de vue rationnel donc, la "contestation" permanente est nécessaire ; y mettre fin est mettre fin à toute possibilité de progrès.


Mais, si pour le scientifique incroyant il n'y a pas de tabous, rien qui n'ait le droit d'échapper à sa critique ou à ses expériences, et pour qui toute "explication" est nécessairement rationnelle, tous ses raisonnements, ses vérifications, ses critiques et ses théories - toutes toujours soumises à la contestation permanente -, se trouvent nulles et non avenues face à tous nos comportements irrationnels : nos croyances, nos convictions, nos coutumes, nos (mauvaises) habitudes ancestrales – notre "culture ! – et même nos goûts.
"De gustibus et coloribus non disputandum est" dit-on en bon latin de "cuisine", et rien n'est plus vrai.


On n'en "dispute" pas, au sens moyenâgeux de "disputatio", discours raisonné défendant une thèse ou en critiquant une autre, parce que cela ne sert strictement à rien :
-"Ouaouh, Machin Unetelle (actrice célèbre) est formidable, elle est belle,  un vrai canon ."
-"Moi, je n'aime pas sa tronche, ni son allure et elle ne me plaît pas du tout."
Voilà votre ami vexé, et, suivant son tempérament, on peut même distinguer un début d'agressivité suite à votre répartie.

-"Le plafond de la chapelle Sixtine est un vrai chef d'œuvre de toute beauté."
-"Avec ces couleurs criardes et vulgaires, ces corps mous, ces visages dénués d'expression et ces angelots grassouillets, je trouve que ça ne mérite même pas de figurer sur le couvercle d'une boîte à biscuits anglais." et vous vous êtes à nouveau fait un ex-ami de cet amateur d'art avisé, même si vous n'avez fait aucune allusion au nombril d'Adam.


Dans ces deux cas, pourtant anodins, continuer une discussion ne conduira bien souvent qu'à une vraie "dispute", et vous n'aurez récolté que le mépris.


Aucun raisonnement, aucune expérience n'a de prise sur une croyance, un préjugé, par définition invérifiable ou indémontrable, rien ne justifie une coutume ou des habitudes dites "culturelles" et la seule contestation possible – si on la juge nécessaire - reste la dérision ou la moquerie.

Il est parfaitement absurde d'obliger l'incroyant à n'user que de raisonnements rationnels face à des assertions fondées sur des croyances irrationnelles, tout comme il est aussi absurde de justifier une croyance ou une "foi" par la raison.
Et c'est bien cette situation absurde que l'on vit aujourd'hui, et elle ne fait que s'accroître et s’embellir.
De doctes religieux, suivis par les médias et les politiciens, nous expliquent d'une part dans des ouvrages d'un sérieux assommant que "foi" et "raison" se complètent harmonieusement alors que ces deux notions sont parfaitement antinomiques, d'autre part les mêmes essayent de persuader le monde entier que toute croyance, quelle qu'elle soit (!) mérite le respect (1).
Mais pourrait-on nous expliquer un jour au nom de quoi une croyance quelconque mériterait le "respect" ?


Il n'en est aucune qui, dans ses écrits fondamentaux, jamais reniés, respecte l'incroyant. Et même, l'incroyant exige-t-il le respect de son incroyance ?
Jamais aucun incroyant n'a demandé ce "respect", ce qui met en évidence toute l'hypocrisie de la loi espagnole condamnant toute personne se moquant de rites religieux ou de ministres du culte se terminant par : "... Encourent les mêmes peines ceux qui se moqueraient publiquement, oralement ou par écrit de ceux qui ne professent aucune religion ou croyance."
Tout humaniste, même croyant, digne de ce nom devrait rejoindre Rowan Atkinson ("Mr Bean", "The Black Adder"..) lorsqu'il affirme à un journaliste anglican du Church Times que le :  « droit d’offenser, bien plus important que le droit de ne pas être offensé… Est-ce qu’une société est tolérante lorsqu’elle tolère des absurdités, des injustices simplement parce qu’elles sont perpétuées par et au nom d’une religion ? Critiquer la religion de quelqu’un est un droit. C’est la liberté. »
Parce qu'aujourd'hui, effectivement la dérision d'une croyance est une "offense", et plus grave encore.


Du blasphème au racisme


Ni la Bible juive, ni les évangiles et les écrits des "pères" chrétiens n'ont échappé aux moqueries et aux critiques les plus virulentes. Il n'y a donc aucune raison que le Coran, livre sacré des musulmans ne soit pas soumis aux mêmes critiques.
Il semblerait pourtant, pour différents motifs qui touchent plus à la démagogie politique et à la finance géopolitique, qu'il n'en soit pas ainsi.


Les critiques virulentes de l'islam, une des dernières nées des religions les plus intolérantes qui soient, sont d'abord assimilées à de "l'islamophobie", mot copié sur la "christianophobie" lancée par Jean-Paul II, mais on en étend le sens. D'après les dirigeants du Mouvement pour le Rapprochement des Peuples comme Mouloud Aounit, ou le prédicateur impénitent du "Monde" Xavier Ternisien, se moquer ou critiquer l'islam est de l'islamophobie, et l'islamophobie est du racisme anti-arabe.
C'est aussi simple que ça.
Pour eux, l'athée qui est christianophobe, judéophobe, islamophobe est un simple raciste.
Ne veut-on se souvenir du danger qu'il y a à assimiler les termes "race" et "religion" ? N'est-ce pas le régime nazi qui décréta que "sont juifs ceux qui fréquentent la synagogue" ?


Ces braves gens pleins de bonne volonté ne se rendent-ils pas compte que privilégier une communauté immigrée provoque et accentue précisément leur rejet.
Il est certain que les immigrés musulmans ne sont pas, comme tous les immigrés de tous les temps, des "privilégiés", c'est le moins que l'on puisse dire, mais leur accorder des droits particuliers, non pas en tant qu'immigrés, mais en tant que musulmans ne peut qu'exacerber ce "racisme" tant redouté.
Le droit à la différence n'implique pas la différence de droits !


Les écrits sacrés des "trois religions du livre" sont pleins de haine envers l'incroyant (l'individu incroyant). Aujourd'hui, plusieurs états européens ont déjà ou préparent des lois punissant ceux qui critiquent ou se moquent des croyances !
Le prétexte invoqué est "l'incitation à la haine religieuse", nouvelle forme de loi anti-blasphème mais bien plus absurde que les anciennes, qui étaient claires et sans ambiguïté : blasphémer est une atteinte à la religion et ce n'est pas permis.
Ici, sous prétexte d'un modernisme protecteur de "communautés", on tombe dans l'absurde le plus ridicule !
Les premiers condamnés devraient précisément être les prosélytes de ces religions que l'on veut précisément protéger !


Mais il paraît qu'il n'en sera pas ainsi, les juristes des pays concernés s'activent pour distinguer l'incitation à la haine religieuse des écrits fondateurs des religions protégées de l'incitation à la haine religieuse du particulier qui s'en moque,  les tourne en dérision ou plus honnêtement en montre la nocivité.
Et on ne s'arrête pas là. Non seulement on invente un nouveau système anti-blasphème qui ne porte plus ce nom trop désuet, mais on protège activement les religions les plus intolérantes au mépris des lois les plus fondamentales.


Aujourd'hui donc, on estime que le blasphème, sous la forme nouvelle "d'incitation à la haine religieuse", est bien plus grave et mérite que l'on permette en appeler au meurtre.
Il ne faut pas lancer la pierre qu'aux Anglais ; lors des manifestations "anti-Rushdee", des policiers français encadraient sans problème aucun des manifestants portant des panneaux "Mort à Rushdee".
Vu sous cet angle, les lois contre le blasphème, déguisées ou non, ont encore de beaux jours devant elles... et l'intolérance, religieuse ou autre, manipulée par ceux qui nous dirigent,  deviendra une véritable arme de destruction massive encore plus redoutable qu'aujourd'hui.
Johannès Robyn


(1) Voir par exemple le discours du Recteur de l'Institut Musulman de la Mosquée de Paris, le docteur Dalil Boubakeur, à propos de la publication des dessins du Jyllands Posten :
"La Grande Mosquée de Paris condamne fermement cette atteinte inqualifiable du respect que mérite toute croyance quelle qu'elle soit de par le monde."
Dans le même texte il cite "l'islamophobie ambiante, raciste..." et aussi cette perle : "Il ne viendrait à l'idée d'aucun croyant de ridiculiser les fondateurs d'autres religions ou croyances tels que Jésus, Moïse, Bouddha, Confucius etc."!

 


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