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Bulletin Numéro 38 - Le respect des Glasgow Rangers

PostDateIconTuesday, 21 March 2006 00:00 | PDF Print E-mail
Article Index
Bulletin Numéro 38
Le respect des Glasgow Rangers
De la nécessité de la dérision
Le blasphème a une histoire
L'affaire Redeker, encore un cas pendable
Pas de délit de blasphème en Belgique ?
Droit au blasphème !
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LE RESPECT DES GLASGOW RANGERS


À notre époque de politiquement correct hégémonique, le sport, et spécialement le football, ne pouvait être en reste. Tout récemment, la commission de discipline de la Fédération européenne de football (UEFA) a dû trancher une affaire qui, selon les goûts, sera baptisée de blasphème, d’incitation à la haine religieuse, de tolérance ou de liberté d’expression.
Cela concerne un club européen coté, les Glasgow Rangers1.
Le football écossais paraît fonctionner comme fonctionnait son homologue belge jusqu’il y a quelques décennies. Les clubs y ont une connotation religieuse. À Glasgow, les Rangers sont protestants, les Celtic, second club de la ville, sont catholiques.
Si les villes belges avaient souvent deux clubs de football, c’était parce que l’un était catholique, l’autre laïque.


Outre que cela n’a plus cours en Belgique, entre Écossais et Belges, il y a une différence fondamentale : le goût écossais du chant en groupe. Et les Glasgow Rangers ont tout un répertoire anticatholique des plus musclés : «Le pape, on l’encule», «Nous sommes les Billy Boys, immergés jusqu’aux genoux dans le sang des sales catholiques».
Ce sont des chansons de supporters buveurs de bière, des moins raf¬finés, cela ne peut se discuter.
Tout cela se chante depuis trois ou quatre générations mais les Espagnols de Villarreal contre lequel les Rangers ont joué en février et mars n’ont pas apprécié, et des poursuites pour «chants abusifs et discriminatoires» ont été entamées.


Heureusement en vain, car la commission de discipline de l’UEFA a choisi l’acquittement avec une rare sagesse.
Une fois de plus, on voit à l’œuvre la campagne pour le respect des religions et plus largement pour les opinions d’autrui. Tout le monde devrait s’embrasser pour vivre une vie heureuse et sans nuage dans un monde où, au fond, tout le monde s’aime.
L’histoire religieuse de l’Écosse est des plus époustouflantes. Elle est la plus parfaite illustration des absurdités du «sectarisme» protestant et de ses infinies querelles et divisions entre anglicans, presbytériens, épiscopaliens, calvinistes, etc. (sans oublier les catholiques qui continuent de jouer leur partie)2.


Récemment, un historien, Georges Corm, a voulu remettre à leur place ceux qui voulaient détruire l’image de la Révolution française (François Furet…). D’après eux, celle-ci, en instaurant une transcendance laïque aurait, après la fin du marxisme, laissé la place nette pour le retour au religieux. Georges Corm leur oppose l’intransigeance idéologique des protestants, spécialement en Grande-Bretagne et plus encore en Écosse. Pour lui, la vraie source du totalitarisme est là.


En Écosse, les exécutions sont légion jusque très tard.
Le retour des Stuarts aboutit après 1680 au «Temps des tueries» qui cause sans doute 18 000 mises à mort3.
Ce n’est qu’à la fin du XVIIIe siècle qu’ont cessé les guerres religieuses.


Des massacres imminents?


Depuis, je ne suis pas informé de massacres, mais voilà que maintenant, on essaie de nous faire croire que ceux-ci sont imminents.
Les bonnes âmes locales nous donnent l’argument ordinaire pour réprimer toute expression forte ou blasphématoire de ses convictions: «… les supporters font partie d’une chaîne. Ils sont à l’une des extrémités : celle des chants et des insultes. À l’autre bout, il y a la violence physique et les cri¬mes».
Mais où sont les crimes en Écosse ? On ne peut se servir de la haine raciale et de ses méfaits indubitables pour condamner toute affirmation idéologique au nom d’une idée mystérieuse, le respect. On doit respecter le droit d’émettre des opinions choquantes mais pas le mutisme fondé sur le respect de la bienséance.
Certains supporters, pour éviter les sanctions, argumentent en disant que ces chants sont vides de contenus et ne sont plus qu’un rite.
Je ne suis pas sûr d’une vision aussi irénique. En Écosse, il est davantage probable que les divisions subsistent, mais elles ne se traduisent plus que dans des manifestations cathartiques, dans une enceinte délimitée, à des occasions canalisées.


L’unité d’Ancien Régime


Les foules et les esprits tourmentés peuvent passer de la haine des idées à celle de ceux qui les portent mais qui peut croire que l’Écosse soit à la veille de guerres de religions ?
Les religions exigent le respect et sont ici prises au piège : elles devraient d’abord commencer par le respect mutuel.
L’Écosse fait tache par rapport à ce programme et il faut que les Rangers arrêtent de promener leurs chants et leurs slogans (No surrender) dans toute l’Europe catholique.
Parlant des «marches blanches» à la belge, Vincent de Coorebyter hésitait récemment entre plusieurs interprétations. Mais l’une d’entre elles est «une sorte de retour au mythe d’unité d’Ancien Régime, avant la découverte de la pluralité des convictions politiques et religieuses»4. On a là le signe d’une Europe quasi anesthésiée idéologiquement.


L’important est que nous ayons le cerveau vide. Certes, les religions d’autrefois ne peuvent être pour moi le bon moyen de le remplir, mais ne nous complaisons pas à admirer le néant. Dans tous les cas, si on continue, les ULBistes doivent savoir que les jours du Semeur sont comptés : «Rome tremble et chancelle devant la vérité», ce n’est vraiment pas dans l’ambiance.
Patrice Dartevelle


1 Un article d’Élise Vincent, «Les Glasgow Rangers face à leur culture anticatholique», du Monde du 14 avril 2006 explique l’affaire avec une rare complaisance pour ceux qui veulent mettre fin aux chants anticatholiques. 2 La lecture de l’opuscule de Richard Kiellen, Une brève histoire de l’Écosse, Gill Macmillan, 72 pages, donne une idée de l’hallucinante complexité des conflits théologico- dynastico-nationaux. 3 Georges Corm, La question religieuse au XXI e siècle, Paris, La Découverte, 2006, cf. pp.26-28 et 89-95. 4 Le Monde du 30 avril-2 mai 2006.


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