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Bulletin Numero 47 - Conscience contre violence

PostDateIconTuesday, 15 January 2013 08:34 | PDF Print E-mail
Article Index
Bulletin Numero 47
Milton aux sources de la liberté d’expression
Conscience contre violence
Condamnation à mort pour blasphème d’Asia Bibi – lettre ouverte
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Une nouvelle édition de "Concience contre Violence" de Stephan Zweig 1


Ecrit en 1935, la société nazie est déjà à l'oeuvre
La montée des nazis au pouvoir en 1933 abolit la liberté politique, la liberté syndicale, la liberté de pensée, la liberté d’expression, la liberté d’une multitude  de choses. Ce pouvoir étatise l’antisémitisme et, le pire pour Stéphan Zweig  interdit une série de livres et procède notamment à l’ autodafé de ses écrits. Cet écrivain qui a vécu les tourments de la guerre 14-18, devenu pacifiste, rêve d’une Europe unie, d’un monde où règne la liberté d’expression.
Il lui faut un sujet pour dénoncer ce règne de mille ans, Calvin va le symboliser.

Calvin naît en 1509 à Noyon (France).
Ses études le destinent, en principe, à rentrer dans les ordres. A la fin de ses études de juriste, il est influencé par les idées nouvelles et défend le libre examen. L’imprimerie permet la diffusion de la bible « protestante » en français ainsi que de nombreux écrits notamment contestataires.
Le discours des commentaires des « Béatitudes » oblige Calvin à fuir Paris en 1533 qui est plus ou moins la date de son ralliement à la Réforme.

Il arrive en 1536 à Genève, ville largement réformée et dirigée par Guillaume Farel, où la répression contre l’Eglise catholique romaine et ses adeptes devient virulente.
Elle prend fin en 1536  par l’élimination du culte catholique. Calvin est nommé professeur de théologie.
Il se lie à Farel. Ils rédigent ensemble « Confessions de foi», 21 articles d’obligations et d’interdictions pour organiser la vie des gens.
Le conseil de la ville les refuse.

Calvin participe au bannissement des anabaptistes en 1537, et il crée un syndic pour visiter les maisons des habitants afin de les obliger à souscrire à  « La Confession de foi », mais cette tentative échoue par la résistance de la population. Par après, il réussit cependant à obliger les habitants à accepter « La Confession de Foi » et à jurer fidélité à Genève. Les récalcitrants sont bannis.
A force de tyranniser la population par ces prescrits religieux en avril 1538, il est incarcéré avec Farel. Ils se retrouveront tous deux bannis de Genève.

En septembre 1541, suite à des dissensions internes, le conseil général de Genève supplie Calvin de revenir. Celui-ci accepte à la condition de recevoir  tous les pouvoirs. Plus de théâtres, plus de musique, plus de danse, les repas doivent être frugaux, vêtements noirs et plus ou moins identiques, surveillance de la vie privé, obligations de participer au culte, négation du plaisir, interdiction de posséder des livres non autorisés et, le pire, l’autodafé de certains livres.

Pendant son exil à Strasbourg, Calvin s'est lié d’amitié avec Sébastien Castellion, écrivain, humaniste, bibliste et théologien protestant français. Castellion adhère aux idées de Calvin et lorsque celui-ci retourne à Genève, il lui offre la direction du Collège de Rive.
Mais des divergences apparaissent  entre eux, en grande partie sur le principe de la tolérance.

Treize ans plus tard Castellion doit fuir Calvin pour sauver sa famille et lui-même. « …Calvin ne tolère plus à Genève que des suiveurs et des imitateurs serviles. Deux siècles plus tard encore, Voltaire verra là la preuve de l’esprit tyrannique de Calvin. " On en peut juger, écrira-t-il, par les persécutions qu’il suscita contre Castellion, homme plus savant que lui, que la jalousie fit chasser de Genève. ".  »2

Castellion erre à travers l’Europe sans ressource.
Il refuse de taire les critiques. Calvin écrit partout afin que Castellion ne puisse trouver ni emploi, ni accueil.
Il devient correcteur d’imprimerie à Bâle.
Il lui faudra vivre pendant des années, lui et sa famille, dans la misère avant que l’université de Bâle lui accorde une chaire de grec.

Michel Servet, écrivain, humaniste, théologien, astrologue, médecin de grande réputation sera le dernier grand penseur à éliminer. Il fuit l’Inquisition, les protestants, change de nom plusieurs fois pour survivre mais continue à publier. Il écrit régulièrement des lettres à Calvin où il expose ses pensées,  principalement la négation de la Trinité. Il publie une série d’ouvrages qui provoquent la rage de Calvin.
Ne pouvant pas l’atteindre personnellement,  par perfidie, celui-ci transmet en secret des lettres de Servet à l’Inquisition viennoise qui l’arrête.

Il peut s’évader. Commence une errance pour aboutir à Genève où il se fait  arrêter à la sortie du culte que prêchait Calvin. Il est jeté en prison et subit les tourments qui doivent l’affaiblir  pour l’empêcher de se défendre.
Calvin manipule le procès et obtient sa condamnation à être brûlé vif.

La situation de Michel Servet engage Castellion et Curione à publier un sous le faux nom de Martin Bellius, une doctrine de la tolérance, le « Traité des Hérétiques ». « Tuer un homme, ce n’est pas défendre une doctrine, c’est tuer un homme »3 une phrase qui résume l’horreur de Castellion. La haine de Calvin ne cesse de croître, il veut détruire celui-ci. Castellion n’ira pas à son procès, la mort le prendra de vitesse.

Pour Stéphan Zweig « Des lois sévères font de Genève une ville modèle; les réformés viennent de tous les pays dans la " Rome protestante " pour y admirer l’application exemplaire du régime théocratique ».4 Ce régime durera plusieurs siècles, et c’est ainsi que Stéphan Zweig voit avec désespoir le fascisme en 1936.

1  Stephan Zweig, Conscience contre violence,
éditions Le Castor Astral, 18 EUR.
2 page 83
3 page 147
4 page 190

 


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